Le miracle de Tirumala Balaji

Lors d’un voyage en Inde, je me trouvais sur les gradins en dessus du temple de Tirumala. À gauche il y avait des escaliers avec de grandes marches menant au temple. J’étais assis presque tout en haut et je contemplais ce lieu spirituel en exécutant mes pranayamas. Je voyais à ma gauche un jeune couple qui aidait une femme d’une soixantaine d’années à descendre ce long escalier. Il s’agissait d’une croyante qui venait prier, en robe blanche comme certaines nonnes, avec le crâne rasé. Elle était à l’agonie, cela se voyait de loin. Elle avait le dos si courbé que l’on aurait pu boire du thé dessus. Elle se déplaçait latéralement, car il lui était impossible de marcher droit pour descendre ces marches. Je ne sais pas ce qui m’a pris, si c’est mon guide qui m’a poussé ou ma foi qui m’a submergé, mais je me suis levé de mon assise en tailleur et je suis allé en direction du petit groupe. J’ai fait signe à cette dame, je lui ai presque donné l’ordre de s’asseoir et j’ai dit : « I can help you », je peux vous aider. La spontanéité de cette phrase m’a surpris moi-même : je ne promets jamais de résultat lorsque j’offre mon aide. Peut-être parce que moi aussi, j’étais en robe blanche, ils ne se sont même pas posé de questions, les jeunes ont fait asseoir cette dame et je me suis mis à côté d’elle. J’ai dit : « I’m Mahãn, it will take a little while » « Je suis Mahãn, ça prendra un petit moment. » Lorsque j’ai mis ma main sur ses lombaires, je ne sentais pas de différence avec les soins que je fais depuis toujours. La seule nuance est qu’après environ dix minutes, mon bras et ma main ont commencé à trembler relativement fort, j’ai laissé faire. Le soin s’est terminé avec une sorte de tape au même endroit. J’ai compris qu’ils disaient entre eux que je devais être américain. Je n’ai plus dit un mot et je suis parti avec un sourire pour redescendre les marches. J’avançais sur le plateau en direction du temple et je me suis retourné. Je n’en croyais pas mes yeux! Cette femme à qui je venais de prodiguer un soin descendait les escaliers, redressée, une main sur la barrière, certes, mais droite et leste, comme si elle n’avait jamais eu le moindre souci.

Hannes Jacob